Réaliser des contenus accessibles aux personnes déficientes visuelles : les recommandations de l'INPES

Le contenu textuel

Le contenu est sensiblement le même que pour le grand public.

Les personnes déficientes visuelles n’ont pas de difficulté de compréhension de l’écrit, le contenu élaboré pour le grand public convient donc en grande partie. Quelques aménagements sont toutefois recommandés :

  • Les informations transmises par les schémas, dessins ou tableaux, difficilement lisibles, doivent être remplacées ou complétées par un texte descriptif ;
  • Il est préférable d’utiliser un vocabulaire et des formes de phrases concis pour ne pas fatiguer ni ralentir le rythme de lecture et être compris par le plus grand nombre ;
  • Il faut parfois reconsidérer la formulation pour tenir compte aussi de la place prise par le texte en gros caractères ;
  • Compléter les contacts et adresses utiles par des services spécialisés en déficience visuelle ;
  • Il faut enfin vérifier l’accessibilité des références ou sites Internet cités, en mentionnant de préférence les liens qui renvoient vers des versions accessibles.

Les couleurs

Toutes les couleurs peuvent être utilisées, mais il faut veiller aux contrastes.

Le contraste entre la couleur du texte (ou du dessin) et celle du fond est essentiel pour les lecteurs malvoyants. Le meilleur contraste est le texte noir sur fond ivoire ou l’inverse, mais l’utilisation de couleurs est possible et même souhaitable pour rendre le document attrayant. Les couleurs sont également utiles pour aider à se repérer dans un document, avec par exemple une couleur par chapitre ou l’utilisation d’onglets de couleurs contrastées.

Le choix des couleurs est étendu. Seules les couleurs trop vives ou fluo, qui peuvent éblouir, doivent être proscrites.

Pour faciliter le repérage des personnes déficientes visuelles dans leur environnement, la différence de contraste préconisée entre la couleur du texte et celle du fond est d’au moins 70 %.

Les illustrations

Un document accessible doit rester attractif.

Les documents adaptés pour les personnes déficientes visuelles sont souvent en noir et blanc, dénués d’illustration. Pourtant, les dessins, comme la couleur, sont importants. Ils rendent le document plus attractif pour tous et en font un document moins stigmatisant.

Quelques aménagements sont recommandés :

  • Le dessin doit illustrer le texte, mais jamais le remplacer ;
  • Pour aider à l’identifier, il doit être simplifié, les couleurs contrastées, le trait épaissi, etc. ;
  • Le dessin doit être bien détaché du paragraphe (pas d’habillage de texte) ;
  • Les logos sont agrandis autant que possible.

Par ailleurs, de la même façon que le texte peut être transcrit en braille, les illustrations peuvent être conçues en relief.

Adapter un document numérique

Un document numérique est toujours plus accessible qu’un document imprimé.

Un document numérique est accessible s’il offre une souplesse d’utilisation. Il peut alors être utilisé de façon personnalisée : agrandissement des caractères, changement de la couleur du fond ou du texte, lecture avec une synthèse vocale, etc.

Quels que soient le système de production et les formats de fichiers utilisés, il est possible d’améliorer l’accessibilité des documents numériques. Certains formats, comme Word et HTML, sont plus facilement accessibles que le format PDF, destiné prioritairement à l’impression. Ce dernier peut néanmoins être nettement optimisé en adoptant les recommandations qui suivent.

Structurer les contenus

Pour que la navigation soit possible, notamment par les logiciels de lecture d’écran, le contenu du document doit être bien structuré, c'est-à-dire qu’il doit comprendre :

  • Un ordre logique de lecture ;
  • Une hiérarchie des informations (chapitres, titres de niveau 1, de niveau 2, liste à puces, etc.) qui permet de naviguer rapidement en allant de chapitre en chapitre ;
  • Un sommaire avec des liens actifs ;
  • Une description des schémas, illustrations ou tableaux (« alternative textuelle »).

Il est recommandé de structurer le document dès le début du processus d’édition, lors de la rédaction du contenu par l’auteur (voir l’option « style » de Word). Les maquettistes et les développeurs informatiques doivent aussi structurer le document à l’aide de styles et de balises (codes qui correspondent à chaque élément d’un document, par exemple : <h> pour les titres).

Un fichier unique bien structuré en amont permet ainsi de générer facilement les différents formats souhaités (destinés à l’impression, à la consultation sur un poste informatique, une tablette tactile, un mobile, etc.). Cette démarche présente plusieurs avantages : gain de temps, moins de risque d’erreurs quand il y a des modifications à apporter, meilleur référencement par les moteurs de recherche.

Décrire les images

Les documents numériques accessibles nécessitent que les images soient décrites. Pour fournir cette alternative textuelle, il faut distinguer les images simplement décoratives de celles qui transmettent du contenu.Pour les premières, une description n’est pas nécessaire. Une simple légende suffit. Pour les secondes, si le contenu du document ne fournit pas ces informations, il faut pouvoir transmettre l’ensemble des informations pertinentes. Cette étape n’est pas toujours facile : il est judicieux de demander aux auteurs ou aux personnes qui maîtrisent bien le document de proposer ces descriptions.

Rendre un site Web accessible

Un site Web est accessible s’il intègre un certain nombre de recommandations techniques. Il doit être appréhender sous deux angles :

  • L'adaptation des postes de travail (logiciel de synthèse vocale, logiciel d'agrandissement d'écran, terminal braille) ;
  • L'accessibilité des applications des systèmes d'information (applications métiers, intranet).

Les évolutions technologiques ont considérablement amélioré la qualité de vie des personnes déficientes visuelles. Sous réserve d’une période d’apprentissage, elles facilitent l’accès à l’information (consultation des sites Web, moteurs de recherche, documents audio, etc.), la communication (mail, SMS, etc.) et certaines démarches de la vie quotidienne (réservation de spectacle, achat de billet de train, etc.).

Un site Web accessible permet un parcours aisé du site et de ses contenus, quel que soit le dispositif technique utilisé ou le logiciel de lecture et ses options (avec ou sans souris). Une bonne conception en amont est nécessaire pour que la navigation soit possible. Par ailleurs, ces sites présentent l’avantage d’être mieux référencés par les moteurs de recherche.

Plusieurs recommandations concernent les publics déficients visuels peuvent être mises en œuvre facilement :

  • Il faut toujours structurer les contenus en identifiant chaque élément : titres, paragraphes, illustrations, etc. ;
  • Il faut aussi donner des titres et fournir une alternative textuelle aux illustrations, schémas et tableaux ;
  • Il est utile de proposer le plus haut possible, dans le code de la page, des liens d’évitement pour accéder directement aux contenus et menus de navigation ;
  • Pour les vidéos et autres contenus disponibles sur le Web, il faut fournir une alternative textuelle ou une audiodescription, et s’assurer de l’accessibilité des contenus non HTML, y compris les fichiers PDF, les documents bureautiques (traitements de texte, diapositives, etc.) ;
  • Lorsque le site repose sur des animations, il faut toujours fournir une version standard alternative ;
  • Les formulaires doivent pouvoir être renseignés (pré-cautions à prendre pour concevoir les zones de texte, les cases à cocher, les menus déroulants, etc.) ;
  • Enfin, si des documents ont été spécifiquement conçus pour les visiteurs déficients visuels, il faut penser à le signaler sur la page d’accueil du site avec un lien direct. Les chemins pour y parvenir sont parfois trop longs et dissuasifs.

Concevoir un outil audio

Un document audio permet d’accéder à l’information de façon rapide sans apprentissage spécifique, hormis celui de l’outil qui permet d’écouter.

Deux types de voix peuvent être enregistrés : voix humaine ou de synthèse.

Le choix dépend du type de document. La voix humaine est souvent préférée pour les œuvres littéraires. Dans ce cas, on peut avoir recours à des bénévoles ou des acteurs professionnels. Pour réaliser ces outils, il est préférable de passer par des spécialistes de la réalisation de livres audio.

Pour des documents plus techniques, la voix de synthèse est un bon compromis : moins onéreuse et simple à mettre en œuvre techniquement, les utilisateurs apprécient aussi sa neutralité. La version sonore d'un document est générée à partir d'un texte structuré, avec une synthèse vocale. Il existe pour cela des logiciels, payants ou gratuits. L’enregistrement peut être distribué sur CD audio standard, clé USB ou bien en téléchargement sur un site Web, sous différents formats tels que le MP3 ou le format Daisy (Digital accessible information system). Ce dernier format, utilisable sur ordinateur, lecteur MP3, terminal mobile ou appareil adapté, permet de naviguer facilement : aller de chapitre en chapitre, de page en page, poser des marque-pages, aller d'une rubrique à l’autre, etc.

Réaliser des documents imprimés accessibles

Les documents dits « en gros caractères » intègrent certains aménagements, au-delà de la taille des caractères.

On distingue les documents dits « en gros caractères » ou « caractères agrandis » pour les lecteurs malvoyants et ceux en braille pour les lecteurs aveugles ou malvoyants profonds qui le pratiquent.

Pour réaliser des documents en gros caractères, il faut prendre en compte la plus grande fatigabilité du lecteur, ses habitudes de lecture et de représentations mentales. Il est généralement équipé d’une aide optique (lunettes, loupe) et tient la page tout près des yeux, ou bien muni d’une aide technique comme la machine à lire, qui numérise et restitue vocalement le contenu.

La typographie

La lisibilité des caractères tient compte de plusieurs éléments, souvent proches des recommandations formulées pour l’édition de documents grand public.

  • La police de caractère sans empattement, dite « bâton », est à privilégier ;
  • Le corps 16 ou 18 est le minimum en dessous duquel on ne peut descendre ; un grand nombre de lecteurs utilise le corps 24 voire plus. Par ailleurs, on peut proposer deux à trois tailles de caractères différentes dans une même page pour faire comprendre la hiérarchie, mais il faut savoir que chaque changement de taille demande un effort d’accommodation au lecteur ;
  • Les enrichissements du texte courant (italiques, lettrines, textes soulignés ou surlignés, gras et capitales) sont à éviter.

La mise en page

Pour aider le lecteur, éviter ce qui peut perturber le balayage visuel et faciliter le repérage dans le document et dans la page.

  • Les espaces entre les mots et les lettres (intermot et interlettrage) doivent être bien équilibrés. L’ensemble du texte mis en page doit être uniforme, sans rupture visuelle (« gris typographique »). Si les espaces sont irréguliers, ils gênent la lecture. Un texte court peut être aligné à gauche (en drapeau), sans césure. Un texte long sera plus souvent justifié, avec des césures (à raison de 2 à 3 césures consécutives au maximum) ;
  • L’interlignage doit être suffisamment important pour permettre une bonne lecture du texte, tout en tenant compte des spécificités de la police ;
  • Les titres doivent être alignés à gauche ou bien centrés. Ils doivent être significativement plus gros que le texte courant ;
  • Si le texte est présenté sur plusieurs colonnes, il faut bien espacer chaque colonne ;
  • Le numéro de page doit être bien visible et toujours placé au même endroit, en pied de page à droite (page de droite) et à gauche (page de gauche) ;
  • Les références et « notes de bas de page » sont de préférence placées à la fin du document ou directement dans le corps du texte si elles doivent être lues au même moment ;
  • Pour mettre une partie du texte en valeur ou le traiter différemment, mieux vaut privilégier les encadrés ou les fonds de couleur. On évitera de placer du texte dans la marge.

Le format

Toutes les possibilités peuvent être envisagées, mis à part les très grands formats. Le format A4 (21 cm × 29,7 cm) est souvent employé, mais il ne faut pas s’interdire des formats moins communs et moins scolaires, qui doivent rester confortables à l’usage. Il faut en revanche éviter le format A3 (42 cm × 29,7 cm) trop grand pour être manipulé facilement.

La présentation « paysage » ou « à l’italienne » peut être une bonne alternative pour éviter au lecteur de revenir souvent à la ligne. Enfin, si l’on souhaite faire cohabiter le texte imprimé (appelé aussi « texte en noir ») et le braille, il faut anticiper la place prise par le braille, soit approximativement la même place qu’un texte en Arial, corps 48.

Le choix du papier

La préférence ira vers un papier légèrement teinté (le blanc peut éblouir), mat pour éviter les reflets, avec un grammage suffisamment important pour ne pas voir par transparence (90 ou 110 g/m2 minimum, selon la qualité du papier).

La reliure et la fabrication

Lors de son utilisation, le document ouvert doit pouvoir rester bien à plat, laissant ainsi les mains libres pour utiliser facilement une aide optique (ce conseil est aussi valable pour la lecture du braille). Pour relier des documents épais, la reliure spirale constitue ainsi une solution intéressante.

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